Les bacheliers ultra-marins face à une offre inégale dans les filières supérieures
Le tissu éducatif et la position géographique du département semblent expliquer les fortes disparités dans les parcours des bacheliers. Ceux de Martinique ou de Mayotte quittent l’académie le plus souvent, mais ils sont plutôt sédentaires à la Réunion et en Guadeloupe.
En 10 ans, plus de 12 000 jeunes guadeloupéens qui venaient d’obtenir leurs bac ont quitté l’archipel pour commencer leurs études supérieures. Sur l’ensemble de la France, depuis 10 ans, la tendance est plutôt à la mobilité : 25% des bacheliers ont poursuivi leurs études dans une autre académie en 2021, contre 20% en 2010. En Outre-mer, les évolutions sont beaucoup plus contrastées.
Pour les jeunes bacheliers de Mayotte, les études supérieures signifient le plus souvent quitter son île. Depuis 2010, parmi les 30 679 lycéens qui ont décroché leur bac, 77% ont poursuivi des études supérieures l’année d’après (95% à l’échelle nationale), et 58% se sont inscrits dans un établissement hors de l’île, le plus souvent à la Réunion.
La situation est inverse à la Réunion : moins de 17% des bacheliers ont quitté le département en 10 ans. Le nombre de ceux qui partent a toutefois progressé un peu plus vite (+43,4%), que celui des inscriptions dans un établissement supérieur de la Réunion (+40,5%).
Forte pression sur l’Université de Guyane
En Guyane, le nombre de néo-bacheliers qui poursuivent leurs études ailleurs reste assez stable. Ce sont les établissements supérieurs locaux, dont la jeune Université de plein exercice (créée en 2014), qui supportent la très forte croissance du nombre d’étudiants dans ce département. Un boom étudiant qui s’explique surtout par la croissance démographique (deux fois plus de bacheliers en 10 ans).
Les données fournies par le Ministère de l’Éducation nationale couvrent les inscriptions dans un établissement d’enseignement supérieur, public comme privé, des étudiants qui ont obtenu leur bac général ou technologique la même année. Elles ne concernent donc pas les étudiants qui changent d’académie durant leur parcours supérieur.
Si ces indicateurs sont d’abord le signe d’une insuffisance dans l’offre locale d’enseignement, ils témoignent aussi d’un déracinement qui n’est pas sans risque pour ces jeunes adultes. Les situations d’isolement familial peuvent les fragiliser. Faire ses études dans un autre département implique un coût financier (au delà des aides d’Etat à la mobilité) qui favorise d’emblée les jeunes issus de familles aisées.
Source :
- Education Nationale (Taux de poursuite des néo-bacheliers dans l’enseignement supérieur)