Une santé plus fragile en outre-mer et plus de risque de renoncement aux soins
L’Enquête santé européenne 2019 confirme une santé globale plus fragile parmi les résidents de DOM, avec des maladies chroniques plus fréquentes. Et pourtant, les régions les plus marquées par la précarité sont aussi celles où l’accès à un médecin est plus complexe et les produits de santé plus chers.
Les habitants des régions d’outre-mer subissent des conditions de santé plus dégradées que dans l’hexagone, selon l’Enquête santé européenne 2019 (DREES-Irdes-Insee). Les maladies chroniques sont plus fréquentes. C’est le cas du diabète et des problèmes cardiovasculaires, qui pourraient être liés à des cas d’obésité plus fréquents chez les plus de 15 ans (20% aux Antilles, contre 14% dans l’hexagone). Davantage d’habitants déclarent d’ailleurs être en “mauvais état de santé” (15% des Martiniquais, 7,7% dans l’hexagone)
Si la mortalité infantile a continué de baisser ces dernières années, elle reste plus élevée en outre-mer : de 6,3 pour mille en Guadeloupe à 8,5 pour mille à Mayotte en 2019, alors que la moyenne nationale se situe à 3,9 pour mille. En Guyane, outre les grossesses précoces et la prévalence de maladies chroniques, l’isolement des mères vivant le long du Maroni ou de l’Oyapock complique les examens prénataux.
Une densité médicale plus faible à Mayotte et en Guyane
La proportion de médecins est assez proche de la moyenne nationale (338 pour 100 000 habitants en janvier 2023) à la Réunion (336) et en Guadeloupe (321), voire supérieure en Martinique (363). En Guyane, elle est proche des valeurs observées dans certains déserts médicaux de l’hexagone (238). A la différence près qu’il n’est pas possible de se reporter sur un département voisin mieux pourvu. Le département de Mayotte présente quant à lui une démographie médicale proche de pays en développement, avec seulement 85 médecins pour 100 000 habitants, soit quatre fois moins qu’à l’échelle nationale.
Or, dans le cas des populations précaires, la faible densité médicale est un facteur aggravant de renoncement aux soins. Comme le montre une récente étude de la Drees, les personnes pauvres ont “trois fois plus de risques de renoncer à des soins que les autres. En outre, dans une zone très sous-dotée en médecins généralistes, leur risque est plus de huit fois supérieur à celui du restant de la population.” Le coût des produits de santé, plus élevé en Outre-merAutre cause de renoncement aux soins pour les plus précaires. Résultat : se soigner coûte de 9% plus cher à La Réunion et jusqu’à 17% à Mayotte.
Source :
- Drees, Démographie médicale au 1er janvier 2023, ASIP-Santé RPPS.
- Insee, Estimation de population au 1er janvier 2023
- Dress, Renoncement aux soins : la faible densité médicale est un facteur aggravant pour les personnes pauvres, Études et Résultats n°1200, juillet 2021.