Un réseau de transport et de communication défaillant dans l’une des plus vastes régions de France


Un réseau de transports en commun embryonnaire, une compagnie aérienne liquidée, des fleuves difficiles à naviguer… En Guyane, ces obstacles entravent à eux seuls l’accès aux services de base comme la santé et l’éducation.


On la représente souvent en marge des cartes de France, réduite à la taille d’une île antillaise. La Guyane est en réalité aussi vaste que la région Nouvelle-Aquitaine. La population est concentrée sur le littoral et les rives des deux fleuves frontaliers (Maroni et Oyapock). Mais son réseau de transport reste embryonnaire au regard des distances qui séparent chaque bourg. Le réseau routier couvre l’ensemble du littoral depuis 2003, puis s’est prolongé à Apatou en 2010.

Mais pour les communes de l’intérieur, notamment le long des deux fleuves frontaliers, la pirogue est restée le mode de transport principal. A l’ouest, le Maroni entrecoupé de rapides délicats à négocier en saison sèche, n’a pas le statut de voie navigable. Et pourtant des enfants doivent parfois l’emprunter pour se rendre à l’école. 

La fin d’Air Guyane

Pour rejoindre Cayenne, les quelque 26 000 habitants de Maripasoula, Papaïchton, Grand-Santi, Saül ou Camopi dépendent principalement de l’avion. Or, l’unique compagnie Air Guyane a été liquidée en septembre dernier. La population est devenue dépendante de liaisons organisées dans l’urgence par la préfecture et par la Collectivité territoriale de Guyane. La CTG prépare un nouvel appel à délégation de service public, seule formule qui permet de garder des prix de billets abordables face à des coûts d’exploitation des lignes très élevés sur de telles distances. 

Le trafic aérien intérieur avait doublé depuis 2009, faisant grimper d’autant la facture des aides publiques. Le nouveau contrat de délégation de service public, mis en place en avril 2021 a permis de maîtriser les coûts, mais il a aussi rendu le planning des vols moins flexible et suscité beaucoup de mécontentement. Le dégradation de la flotte d’Air Guyane, éprouvée par l’état des aérodromes de l’intérieur guyanais (toujours pas aux normes OACI), et la hausse du prix du carburant ont fini par rendre intenable l’exploitation de ces lignes.

Internet : intermittent et plus cher

Pour le transport de marchandises, le transport fluvial est la seule option viable le long du Maroni, mais il est soumis à une forte saisonnalité. En période sèche, le niveau de du fleuve limite le poids des chargements et augmente les coûts. A Maripasoula, les professionnels du BTP acheminent les matériaux en saison des pluies, pour les travaux programmés en saison sèche. 

En dehors du littoral, la Guyane dispose d’une couverture très partielle en réseaux de téléphonie mobile et d’internet haut-débit, qui ajoute une exclusion numérique à l’isolement des populations de l’intérieur. La création en 2013 par la Collectivité territoriale (CTG) la société publique locale (SPLANG) est censée répondre aux besoins ponctuels grâce aux antennes satellites. 

Les services en distanciels en matière d’éducation, de santé, ou de démarches administratives, présentés comme des palliatifs à l’isolement, se heurtent en Guyane à la mauvaise qualité des liaisons internet. Mais aussi à un surcoût. Le prix des communications facturé aux particuliers est beaucoup plus élevé que dans l’hexagone, de l’ordre de 36%, en 2022.

Transit de pirogues sur un degrad de Maripasoula, sur la rive du fleuve Maroni (photo : RoM FantaZ – CC BY-NC-ND 2.0 DEED)

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