Une hausse des prix aggravée à Saint-Pierre-et-Miquelon
C’est la plus forte inflation enregistrée dans l’outre-mer. En 2022, les prix ont augmenté de 9,2% sur l’archipel. La hausse s’est ralentie en 2023 mais l’effet sur la consommation est flagrant : après avoir réduit les dépenses non-essentielles, les ménages ont diminué leurs dépenses alimentaires au deuxième et troisième trimestre.
Se nourrir coûte de plus en plus cher sur l’archipel. Les produits alimentaires ont augmenté de 8,2% durant l’année 2022. En cause : des bouleversements mondiaux (crise sanitaire, guerre en Ukraine, prix du pétrole…), mais aussi un contexte local très particulier. Près de la moitié des importations provenant du Canada voisin, l’évolution du taux de change entre l’euro et le dollars impacte directement les prix. Or, ce taux de change est défavorable à la monnaie européenne depuis plusieurs mois. Si l’on y ajoute la hausse du prix du fret, on obtient l’inflation la plus élevée observée en France.
Bouclier Qualité Prix
En conséquence, les ménages ont moins consommé en 2022. Les volumes importés de produits alimentaires sont restés stables. Cette dépense reste plus difficile à moduler pour un ménage, contrairement aux achats de véhicules neufs, qui ont chuté de 40,6%. Si la hausse des prix s’est ralentie depuis le début de l’année 2023, les difficultés de ménages semblent s’être aggravées au point de toucher les dépenses essentielles. La consommation de produits alimentaires a ainsi diminué au cours des deux premiers trimestres.
Avec un taux de change plus favorable à l’euro ces derniers mois et une baisse du prix des carburants, les prix imposés aux ménages devraient revenir à des niveaux plus raisonnables. L’archipel dispose également, depuis 2013, d’un Bouclier Qualité Prix, qui permet de contenir le prix global d’un panier de produits essentiel à 160€. Mais un seul supermarché, situé à Saint-Pierre, adhère à ce dispositif.
Précarité marginale
Cette inflation pèse sur le budget de l’ensemble des ménages, et particulièrement ceux qui sont en situation de précarité. Mais ils sont heureusement peu nombreux. A Saint-Pierre-et-Miquelon, les allocataires du RSA représentent seulement 0,4% de la population, soit 62 personnes en décembre 2022. Leur nombre est en baisse constante depuis 2015. Trois allocataires sur quatre sont des personnes vivant seules. D’autre part, le dépôt de dossiers de surendettement concerne moins d’un habitant sur mille en 2022.
En attendant, le coût de la vie, combiné au manque de logements, n’incite pas à l’installation de nouveaux habitants sur l’archipel, dont la population décline depuis 20 ans et où les postes à pourvoir ne manquent pas, notamment dans le domaine de la santé.
Sources :
Iedom, Saint-Pierre-et-Miquelon – Rapport économique 2022, 2023.
Iedom, Tendances conjoncturelles 2e trimestre 2023, septembre 2023.